Pression scolaire : Parents et experts tirent la sonnette d’alarme
Plusieurs parents ont exprimé leur mécontentement face au nouveau calendrier des épreuves orales et pratiques adopté cette année par le ministère de l’Éducation. Ce calendrier prévoit le démarrage des évaluations orales de manière continue dès novembre 2026, tandis que les épreuves écrites sont réparties sur deux semaines à partir du 1ᵉʳ décembre.
« Nos enfants vivent une pression psychologique et une fatigue physique » , déclare une mère d’élève à Mosaïque FM que le rythme imposé par cette nouvelle organisation a créé une pression importante sur les élèves de tous niveaux, plaçant les familles tunisiennes dans une véritable « course contre la montre ».
Elle a ajouté que cette période est l’une des plus difficiles pour ses enfants, en raison du volume croissant des leçons et des matières à mémoriser, combiné à la diminution du temps consacré aux loisirs.
Une autre parente a appelé à une révision urgente de cette nouvelle programmation, en tenant compte du bien-être psychologique de l’élève, « désormais épuisé physiquement et moralement », surtout avec l’orientation du ministère vers une évaluation continue depuis le début du deuxième trimestre.
Elle a insisté sur la nécessité d’impliquer des spécialistes en psychologie et en sociologie dans toute décision liée aux élèves, afin d’éviter « des choix imposés qui ne tiennent pas compte de leur intérêt ».
Tarak Saïdi : « Attention, ce rythme place l’enfant dans un état de conflit permanent »
Le sociologue Tarak Saïdi a estimé que cette nouvelle méthode d’évaluation transforme l’école en un espace de compétition plutôt qu’un lieu d’apprentissage.
Selon lui, l’élève se retrouve plongé dans une ambiance chargée de rivalité qui ne garantit pas l’égalité des chances, les parents n’ayant pas tous les mêmes ressources financières ni la même disponibilité pour accompagner leurs enfants.
Saïdi a également mis en garde contre les effets du stress prolongé sur l’enfant, soulignant que ces pressions risquent de détériorer la relation entre l’élève et l’école, dont la mission première est de faciliter l’apprentissage.
Il a alerté sur une possible baisse de la confiance en soi chez l’enfant, d’autant que le temps consacré aux loisirs et aux activités extrascolaires se réduit.
Selon lui, ce calendrier pourrait même entraîner des lacunes dans les connaissances : « L’élève investit toute son énergie dans les matières évaluées, au détriment des autres contenus pédagogiques. »
Il a appelé à une réforme urgente du système éducatif, pour former un élève équilibré et un futur citoyen épanoui.
L’Inspection générale : « Nous suivons quotidiennement l’application de la nouvelle programmation »
Pour sa part, Nadia Ayari, directrice générale de l’enseignement primaire, a salué le travail des équipes pédagogiques dans l’application du nouveau calendrier, conformément aux directives du ministère.
Elle a affirmé que des équipes régionales et centrales assurent un suivi quotidien sur le terrain pour veiller à sa bonne mise en œuvre.
Selon Ayari, cette nouvelle approche vise à répartir les évaluations sur une période plus longue pour réduire la pression sur l’élève et accroître ses chances de réussite.
Elle a ajouté que la décision du ministère a également pour objectif d’alléger la charge pesant sur les parents, tout en garantissant des conditions d’examen plus souples et plus confortables.